
Comparaison avec d’autres cités épiscopales du sud de la France
Cité épiscopale d’Albi
La Cité d’Albi tranche fortement sur les villes épiscopales situées dans la France méridionale que l’on peut lui comparer.
Avignon et Narbonne présentent, à première vue, des points communs importants avec Albi : existence d’un vaste palais épiscopal médiéval fortifié (Palais des Papes en Avignon, Palais des Archevêques à Narbonne), jouxtant ou situé à proximité d’une cathédrale (Notre Dame des Doms et Saint-Just-Saint-Pasteur).
Toutefois, Avignon se distingue d’Albi par la disproportion importante du Palais des Papes, qui écrase la cathédrale romane. Elle se justifie par l’importance politique de l’ancienne cour papale, qui a en quelques sortes, absorbé le quartier cathédral provençal. De plus, l’étalement des constructions au cours du temps (la cathédrale remonte au XIIe siècle alors que le palais a été construit en plusieurs tranches à partir de 1316), confère à l’ensemble une certaine confusion stylistique et architecturale, que la topographie particulière du rocher des Doms souligne.
La cité épiscopale de Narbonne est plus proche de celle d’Albi. L’ensemble cathédral se compose d’un vaste palais fortifié, organisé autour de multiples cours et couronné d’un impressionnant donjon (la tour Gilles Aycelin), qui s’articule au chœur de la cathédrale par le biais d’un petit cloître. La plupart des campagnes de constructions s’étalent, comme à Albi, entre la fin du XIIIe et le XVe siècle. Seuls quelques vestiges antérieurs (tour de Théodard et tour de la Madeleine) attestent de l’occupation romane et préromane du site.
Comme à Albi, la construction de la cathédrale gothique (à partir de 1272) a épargné la cathédrale antérieure, située plus au sud. Celle-ci ne sera détruite qu’au milieu du XVe siècle, lors de l’édification du cloître. La différence majeure avec Albi, en dehors du recours à la pierre calcaire comme matériau de construction, réside dans l’adoption d’un style gothique dans la droite lignée des grandes oeuvre du nord de la France.
En effet, la cathédrale Saint-Just-Saint-Pasteur relève, par son choeur à bas-côtés, déambulatoire et chapelles rayonnantes, son élévation à trois niveaux (grandes arcades, triforium, clair-étage) et par sa structure à arcs-boutants et contreforts, de l’art gothique francilien. Le choix stylistique, et symbolique, des archevêques de Narbonne est donc aux antipodes de celui que commandité Bernard de Castanet à Albi à la même époque. Enfin, l’inachèvement de la cathédrale narbonnaise, qui se limite à un choeur grandiose et une ébauche de transept, contraste avec la masse complète de Sainte-Cécile d’Albi.
A l’inverse, de nombreuses villes de France connues pour leurs cathédrales, telles Laon, Noyon, Bourges, ou Beauvais, les évêques d’Albi ne relevaient pas du roi de France, et se voulaient au contraire en lien direct avec le pape, ce qui explique qu’ils se soient sentis libres de se départir des codes architecturaux de la France septentrionale. Ils ont donc opté pour une architecture tout à fait singulière comme le montrent la cathédrale Sainte-Cécile et le palais de la Berbie qui témoignent de vrais particularismes méridionaux.