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Un maître d’oeuvre catalan

Cité épiscopale d’Albi

Le maître d’œuvre qui a défini le parti pris architectural de Sainte-Cécile sous la tutelle de Bernard de Castanet, semble avoir été le Catalan Pons Descoyl ou Descoll.

Originaire du Roussillon, il travaille à Perpignan en 1277 et il se trouve encore dans cette ville à la fin de 1283 et au début de 1284.

L’année suivante, intervient la croisade contre l’Aragon et Pons Descoyl disparaît de la documentation catalane jusqu’en 1303, époque où il travaille à Ciutadella avec le titre de maître d’oeuvre du roi de Majorque.

Aucune donnée connue ne s’oppose donc à sa présence sur le chantier d’Albi en 1294, voire de manière continue entre 1285 et 1303 ; il a même pu diriger la construction de la cathédrale dès l’origine, sa présence à Perpignan n’étant pas contradictoire avec cette tâche.

S’il n’existe aucune preuve certaine de l’existence de l’activité de Pons Descoyl à Albi, il faut noter des parentés formelles assez nettes entre son art et Sainte-Cécile ; ainsi, les vastes plans nus du soubassement de l’abside de la cathédrale de Palma et la sévérité des faces externes du cube de la chapelle royale à Perpignan évoquent-ils le chevet d’Albi. En outre, la base talutée 1 et empattée des murs de Sainte-Cécile assimile cette dernière à une forteresse, or Pons Descoyl, à Perpignan, à Minorque et à l’Almudaina de Majorque, fut au premier chef un architecte militaire.

Un architecte catalan, Josep Carrasco i Hortal, a effectué une recherche sur les systèmes de mesures et de proportions du gothique catalan. Il a établi que le module de base de la cathédrale Sainte-Cécile ne correspondait pas aux mesures locales et régionales, canne d’Albi ou de Toulouse, mais bien à la canne catalane (1,555 m).

Cela, aussi bien pour la définition du plan au sol que pour l’élévation de la nef et la largeur des chapelles. Cette donnée confirme peut-être que les proportions de Sainte-Cécile ont été définies par un maître catalan. Elle atteste également l’existence, à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, d’une certaine unité catalano-languedocienne pour ce qui concerne l’architecture monumentale.

Cette aire culturelle correspond au demeurant à une aire déterminée par de fortes parentés linguistiques et des échanges de tous ordres.

Le recours de l’évêque d’Albi à un maître catalan s’inscrit dans cette logique. Il peut en outre s’expliquer par le petit nombre d’architectes à cette époque et par les racines personnelles de Bernard de Castanet. Ce dernier est en effet issu de Montpellier, où il fut professeur de droit. Or, le seigneur de Montpellier n’est autre que le roi de Majorque, fils ou petit fils de Marie de Montpellier.

Le retour de Pons Descoyl en terre catalane après 1300 peut également s’expliquer par le blocage du chantier, suite à la crise que traverse alors la société albigeoise.

Le sanctuaire albigeois exprime ainsi l’unité de culture et de civilisation associant le Languedoc et la Catalogne à travers les siècles et plus particulièrement à l’époque gothique.

1Construire ou mettre en talus ou en merlon. Sorte de talus dressé sur une surface pour faire une séparation entre deux parties de l’espace. Il faut taluter les bords d’un étang. Taluter un fossé.


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