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Les cadrans solaires

Cité épiscopale d’Albi

Les cadrans solaires jumeaux peints à la détrempe sur les faces intérieures des piliers du baldaquin de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi datent de 1658 et sont uniques au monde : ils indiquent successivement les heures de la journée. L’un marque celles du matin, l’autre celles de l’après-midi.


Ils sont en cela semblables aux héros de la mythologie grecque, Castor et Pollux, aussi nommés les frères Tyndarides, qui se répartissaient le temps de façon égale.

La symbolique de Castor et Pollux

Dans la mythologie grecque, Léda eut deux fils : Castor, fils du roi Tyndare, et Pollux, fils de Zeus de qui il tenait son immortalité. Au cours d’une expédition pour la conquête de la Toison d’or, Castor perd la vie. Triste et désemparé, Pollux demande à Zeus de redonner vie à son frère pour partager avec lui l’immortalité. Zeus ayant accompli la volonté de Pollux, les deux frères passaient à tour de rôle six mois au royaume des morts et six mois sur l’Olympe parmi les dieux.

Le choix symbolique de cette légende fait écho aux valeurs prônées à l’époque par l’Église apostolique romaine : sacrifice, partage, amour fraternel et volonté de sauver les âmes en détresse. C’est aussi une invitation à méditer sur les thèmes de la vie et de la mort.

Le cadran face à l’est (Pollux) est assorti d’une croix pattée, 1 symbole du Christ ressuscité et de la vie éternelle. Il porte encore les traces d’un décor peint qui le surmontait et qui représentait un ange d’allégresse musicien. Ce cadran indique les heures du matin.

Le cadran face à l’ouest (Castor) est aujourd’hui en partie effacé, mais il est encore possible d’y déceler la trace d’une représentation de batracien, symbole du monde de la mort. 2 En couronnement du cadran, était représenté un ange tendant la main dans un ultime recours. Ce cadran indique les heures de l’après midi.

Principes de lecture de l’heure solaire

Chaque ange tient un phylactère 3 indiquant la latitude d’Albi et l’orientation du cadran. Dates et heures nous sont données par l’ombre portée du style (tige métallique en étoile, placée au-dessus du cadran). L’ombre des petites branches du style apparaît sur des lignes numérotées qui indiquent l’heure solaire.

Les ronds de lumière issus de la partie ajourée du style se reportent sur des lignes courbes qui indiquent les saisons, les mois et les signes du zodiaque. La courbe du haut représente le solstice d’hiver, celle du bas le solstice d’été.

Exemple  : nous sommes le jour du solstice d’hiver, le 21 décembre, il est 9H30, heure solaire à Albi. Toute la matinée le rond de lumière se déplacera sur l’arc du solstice d’hiver.

La restauration

Les cadrans solaires ont été restaurés en 2008 grâce aux efforts conjugués de Patrice Calvel, Architecte en Chef des Monuments Historiques, de la D.R.A.C. Midi Pyrénées, de l’Association pour la sauvegarde du Vieil Alby, de Denis Savoie, président de la Société astronomique de France et de Didier Benoit, gnomoniste 4 et membre de la Société astronomique de France, et avec le concours financier des mécènes tarnais.

1 Croix pattée : une croix pattée est un type de croix dont les bras sont étroits au niveau du centre et larges à la périphérie, le nom venant du fait que les bras de la croix font penser à des pattes. Il existe plusieurs variantes de croix pattée. La croix pattée en héraldique a été utilisée par les Chevaliers Teutoniques (leur emblème était une croix pattée noire sur fond blanc) Elle peut-être utilisée sur une carte pour localiser un site chrétien.

2 Batracien : dans un sens ancien, encore souvent utilisé dans le langage courant : l’ensemble des Amphibia, classe d’animaux à laquelle appartiennent notamment la grenouille, le crapaud et la salamandre.

3 Phylactère : un phylactère est, dans l’art chrétien médiéval, un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage que l’on représente.

4 Le gnomoniste, du Grec gnomon, petit objet conique tenu verticalement, est la personne qui effectue les calculs nécessaires à la réalisation d’un cadran solaire fonctionnel. La personne qui réalise pratiquement les cadrans solaires est un cadranier. La gnomonique est historiquement apparue en Grèce avec Vitruve et d’autres mathématiciens grecs, s’est transmise à la civilisation arabe et s’est développée en Europe au début du XVIe siècle. Métier aujourd’hui rare, le gnomoniste est considéré à la fois comme un astronome, un philosophe et un physicien, mais surtout un mathématicien.


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