
Les cloches
Cité épiscopale d’Albi
Tandis que "Tiburce" et "Notre-Dame-du-Mont-Carmel" ont été restaurées, la cloche "Emilie-Carissime" a été fondue grâce à une souscription auprès des Albigeois et consacrée le 26 juillet 2010.
La direction régionale de l’action culturelle (D.R.A.C), au nom de l’État propriétaire du monument historique le plus célèbre d’Albi, a financé le réaménagement du beffroi, qui contient les cloches de Sainte-Cécile afin de redonner à la cathédrale un carillon digne de ce nom. Sa vétusté le rendait en effet à moitié muet.
"Tiburce", en place depuis le XIXe siècle ainsi que "Notre-Dame-du-Mont-Carmel" , moitié moins lourde mais datant de 1773 et classée Monument historique, avaient besoin de réparation.
Très usées au point de frappe, elles ont été transportées dans l’atelier de Trementines (Maine-et-Loire) et portées à une température de 800°. Elles ont été rechargées là où le métal était écroui 1 pour retrouver leur épaisseur normale, avant d’être remise en volée.
Une cinquième cloche nommée « Emilie- Carissime » achetée grâce à une souscription auprès des Albigeois (qui a permis de réunir 40 000 €) a été fondue le 10 juillet 2010 à Strasbourg par la société Voegele. Elle sonne en mi-bémol.
Baptisée le dimanche 26 juillet 2010 en présence de ses jeunes parrains et marraines, "Émilie Carissime" a retrouvé le beffroi de Sainte-Cécile aux côtés de "Notre-Dame-du-Carmel" (380 kg) et "Tiburce" (800 kg).
Il s’agit pour la paroisse de rendre hommage à une sainte tarnaise. Carissime, a vécu au VIe siècle, dans un ermitage au bord du Tarn entre Albi et Terssac. Elle fut l’objet d’un culte, avec un petit cimetière qui n’existe plus. 2
Le décor de la nouvelle cloche reprend les éléments traditionnels de la représentation de Sainte-Cécile : l’orgue positif, le lys des vierges, une couronne ainsi que la palme des martyrs.
Une inscription en latin en appelle à l’intercession de la Sainte :
Santa Caecilia ora pro nobis ,"sainte Cécile, prie pour nous."
Une effigie du Christ ressuscité, occupe la face opposée de la clôche.
Sous cette éffigie, figure l’inscrption latine
O REX CHRISTE GLORIAE VENI CUM PACE, "Ô Christ, Roi de gloire, viens avec la paix !"
Il s’agit d’une des plus anciennes inscriptions de cloches qui fait référence au livre de l’Apocalypse annonçant le retour du Christ à la fin des temps.
1 Ecrouir (v.) déformer (un métal) au-delà de sa limite élastique.
2 Sainte Carissime est traditionnellement vénérée comme une vierge née à l’époque mérovingienne (sans doute au VIe ou VIIe siècle). Elle semble avoir été une recluse qui se retira à quelques distances de sa ville natale, près des berges du Tarn, sur la rive gauche, au lieu dit Sainte-Carême. Une chapelle située dans la plaine d’Albi, face à Castelnau-de-Lévis, a longtemps perpétué son souvenir, là où existe encore aujourd’hui un lieu-dit portant le nom de Sainte-Carême, sur la paroisse de Fonlabour. Sous l’Ancien Régime, plusieurs familles d’Albi y avaient leur tombeau. On peut selon toute vraisemblance y situer le lieu de sa sépulture et sans doute même celui où elle a vécu dans la solitude. Une charte de 861 mentionne ses restes à Vieux. Ils ont dû y être apportés, comme ceux de saint Amarand et saint Eugène avec lesquels ils ont été placés à la cathédrale en 1494. C’est seulement au XIIe siècle qu’a été composée avec des réminescences des "Légendes" des saintes Agathe et Cécile et de saint Salvy, une vie légendaire de la sainte. L’auteur savait qu’elle est Albigeoise d’origine, qu’elle était vénérée sur les rives du Tarn et que ses reliques étaient à Vieux. Pour concilier ces données, il imaginait l’histoire de la fugue nocturne de Carissime pour échapper au mariage que ses parents voulaient lui imposer avec Hugues de Castelviel : elle séjourne dans une forêt profonde, à deux milles de la ville, franchit miraculeusement la rivière et se réfugie auprès de saint Eugène, qui construisait à Vieux son monastère.