
Cathédrale
Cité épiscopale d’Albi
La cathédrale que Bernard de Castanet entreprend de construire est à son image : austère et sévère. Il est inquisiteur du Langue d’Oc et vice inquisiteur du royaume de France.
L’oligarchie albigeoise, qui reste, en partie, clandestinement cathare, veut avoir de plus en plus d’autonomie, et de pouvoir, face à l’évêque qui est à la fois le seigneur spirituel et temporel de la ville. 1
C’est pour affirmer son pouvoir, face à cette bourgeoisie revendicative, qu’il entreprend de construire cette immense cathédrale que ses prédécesseurs avaient imaginée avant lui avec le début de la reconstruction du palais épiscopal.
La cathédrale d’Albi doit au contexte de ses origines son aspect militaire. Avec le château épiscopal, elle devait former une citadelle inaccessible aux ennemis temporels et spirituels de l’évêque et de l’Eglise.
Si la nudité de son enveloppe externe appartient aux caractéristiques générales du style méridional, elle possède des traits particuliers dont la finalité défensive est évidente.
La construction de la cathédrale d’Albi s’inscrit dans un mouvement général de construction des cathédrales dans le royaume.
Cependant, contrairement à la plupart des évêques (celui de Toulouse ou de Narbonne), Bernard de Castanet ne fait pas construire sa cathédrale dans le style “français”, appelé gothique du nord, mais bien dans un style qui s’éloigne de celui qui montre une certaine allégeance au roi de France.
1 Pouvoirs temporel et spirituel
Dans l’Occident chrétien, le pouvoir a été réparti entre autorités temporelles et spirituelles : à l’Église était reconnu un pouvoir spirituel exercé sur les âmes, concernant le salut à travers la définition et le maintien du dogme (tradition, conciles, inquisition...) dans le cadre de la religion. Aux souverains et aux pouvoirs civils était reconnu le pouvoir temporel, restreint aux affaires humaines et à l’ordre social, et exercé sur les corps et sur les biens. Deux juridictions distinctes se sont mises en place, et ont défini leurs ressorts respectifs. L’Église a pourtant connu, au Moyen Âge et aux Temps modernes, une définition expansive de son ressort.