
Hôtel Fenasse
Cité épiscopale d’Albi
Cette demeure appelée “maison romane” ou hôtel Fenasse date du XIIe siècle et se situe à l’angle des rues Saint-Étienne et des Foissants, au débouché de la rue de la Grand’Côte.
L’hôtel Fenasse fait partie des rares édifices civils romans de la région Midi- Pyrénées. Elle appartenait à l’origine à une riche famille d’Albi, les Fenasse.
Vers 1 300, Guillaume Fenasse fut condamné pour catharisme et son hôtel fut confisqué. Il devint ensuite propriété d’un frère de l’évêque Béraud de Fargues, puis passa à Pierre-Raymond de Rabastens, vicomte de Paulin, sénéchal de Toulouse, et pour finir devint la propriété d’Étienne Lacombe, riche négociant albigeois.
Cette demeure présente un caractère monumental sous les traits d’une vaste demeure bourgeoise (19/23 mètres), qui occupe trois parcelles de l’actuel plan cadastral. Bien que remaniée en brique au cours des siècles, elle témoigne de l’utilisation de la pierre calcaire en albigeois à la période romane, pour des édifices de qualité.
À l’intersection de deux rues, le bâtiment comportait trois étages avec un dernier niveau à colombages.
La façade la plus importante sur la rue Saint-Étienne témoigne d’un souci décoratif : le rez-de-chaussée se compose de deux grandes arcades, l’une en brique et l’autre en pierre aujourd’hui partiellement murée. Ces deux arcs étaient probablement tous deux en pierre à l’époque médiévale et s’ouvraient sur un espace commercial (boutique ou atelier) donnant sur la rue Saint-Étienne, qui était alors une artère commerciale importante.
À l’étage, la baie romane qui subsiste témoigne d’un certain luxe. Elle appartenait à une série de baies qui éclairaient la pièce principale d’habitation, l’aula, et qui étaient reliées entre elles par un cordon mouluré. Cette baie comprend une large voussure amortie en boudin et en bandeau, qui fait apparaître les vides laissés par des éléments sculptés aujourd’hui disparus.
L’archivolte comporte une moulure biseautée ornée de palmettes et de rinceaux. Deux colonnettes à chapiteaux et bases attiques supportent l’arc en plein cintre. Le soin accordé au décor de cette partie de l’édifice traduit une certaine volonté de magnifier la puissance et la richesse du propriétaire.
À l’inverse, la partie qui s’ouvre rue des Foissants se caractérise par la sobriété du décor. La seule ouverture conservée, une porte donnant sur une artère secondaire, n’a reçu aucun soin particulier. Cette demeure répond à un type de “maison polyvalente” conçue pour répondre aux deux fonctions dominantes : résidentielle et professionnelle.
La maison romane ou hôtel de Fenasse est un exemple des belles demeures du quartier des Combes et des berges du Tarn. La plupart des habitations de ce quartier, qu’elles soient en pierre comme la maison romane ou à pans de bois, font preuve d’une certaine opulence, car elles se dressaient sur des axes essentiels de la cité telles la rue de la Grand’Côte ou la rue Saint-Étienne.
Ces rues situées au débouché du Pont-vieux, seul accès à la rive droite du Tarn, desservaient le centre commercial de la cité, en menant vers les couverts de l’ancienne place de la Pile, vers Sainte-Cécile et Saint- Salvi.
Dans ce même quartier, on a fait une découverte inattendue en 2007 lors de travaux de réfection au n° 11 de la rue Saint-Étienne, dans un quartier où une Opération Programmée de l’Amélioration de l’Habitat (O.P.A.H.) et une série de restaurations ont permis de réhabiliter la plupart des édifices.
Ces travaux ont révélé une poutre d’encorbellement ornée d’un décor à dents d’engrenage rarissime à Albi ; il était dissimulé jusqu’à ce jour sous un enduit.
L’habitation a fait partie d’une série d’édifices pour lesquels une analyse de datation par dendrochronologie (datation par l’analyse des bois) fut réalisée dans le courant de l’année 2004 (cf. annexes III-2).